domingo, octubre 31, 2004

(crítica) El Bicho, les toqués du flamenco

World. En concert à Marseille, un groupe espagnol à l'imaginaire débordant.

Par François-Xavier GOMEZ
vendredi 29 octobre 2004 (Liberation - 06:00)

Fiesta des Suds
Dock des Suds, 12 rue Urbain-V,
Marseille. Rens. : 08 25 833 833 et www.dock-des-suds.org
Ce soir : El Bicho, La Ruda, K2R Riddim, Loop. Demain : Khaled, Seu Jorge, Nahawa Doumbia, Fania.
CD : El Bicho (Warner).

un chanteur halluciné, de longs développements de guitare, des solos de flûte, des percus à foison, des musiciens s'échangeant leurs instruments : il flotte, lors des concerts-performances d'El Bicho, un agréable et inattendu parfum seventies. Dans le public, les anciens retrouvent des effluves de Malo ou Mandrill, groupes psyché-latinos, ou du flamenco progressif de Smash. Ces noms ne disent d'ailleurs rien aux musiciens, dont la moyenne d'âge n'excède pas la trentaine.

Improvisation. Avec eux, un morceau peut durer quatre ou quinze minutes, l'improvisation est permanente ­ mais à l'intérieur de structures assez fortes (celles des genres flamenco tanguillo ou buleria) pour ne pas dériver vers le magma free. «Nos chansons, explique le chanteur Miguel Campello, ont un début et une fin. Entre les deux, tout peut arriver.» Et tout arrive, en effet. Par exemple, que le chanteur ne chante pas, préférant arpenter l'estrade en faisant de grands gestes, ponctués de sauts périlleux départ arrêté un peu estomaquant.

Torse nu, foulard noué à la corsaire sur la tête, Campello impose une présence magnétique, tandis que le guitariste Victor Iniesta, les yeux soulignés de noir comme une icône de rock décadent, dessine à la guitare flamenca d'altières arabesques. «Notre école a été la rue, expliquent les musiciens. C'est là que nous avons débuté et joué des dizaines de fois. Il en reste quelque chose dans nos concerts.»

Les acrobaties du chanteur viennent d'ailleurs de son expérience du théâtre de rue, avec une troupe qui a sillonné l'Europe. Il n'a pas oublié une bataille rangée entre «punks» et forces de l'ordre, un certain été au Festival d'Aurillac.

Le premier noyau d'El Bicho («la bestiole» en espagnol ­ en Amérique du Sud, le terme désigne... autre chose) s'est formé à Madrid dans un stage de musique animé par le batteur Guillermo McGill, né à Panama mais devenu un nom incontournable du jazz et du flamenco en Espagne.

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